Classement des jobs de rêve, sommes-nous prêts ?

Dès notre plus jeune âge, nous avons été conditionnés pour accomplir une activité professionnelle afin de répondre à nos besoins et participer à l’économie du pays.
Si certains ont eu la chance de pouvoir choisir librement leur métier, d’autres en revanche se sont vus orientés vers des postes de prestige destinés uniquement à une élite.
Entre ces deux possibilités se trouvent ceux qui ne savent pas quel métier pourrait leur convenir. Chaque année, ce dernier groupe se révèle d’ailleurs de plus en plus volumineux tant le contexte économique actuel laisse les jeunes diplômés songeurs quant à leur avenir.
L’image négative du monde du travail favorise également ce désarroi mêlé de désintéressement de plus en plus fort.
Face à ce constat, on trouve régulièrement des classements sur les jobs qui font le plus rêver nos jeunes et qui répondent à leurs exigences. Bien loin des temps modernes de Chaplin.

Liberté et sérénité

Ces deux mots résument parfaitement les nouvelles exigences du futur salarié du 21e siècle.
On vous parlait déjà en 2015 de ce classement des « meilleurs jobs de rêve » qui donnait en pôle position le métier de pilote de ligne, l’illustration même de la liberté et de la sérénité. Libre de parcourir le monde (gratuitement) et de découvrir de nouveaux paysages ainsi que des cultures exotiques, il profite d’un salaire avantageux et d’une garantie de travail à vie en raison de la faible concurrence.
et il fait rêver les filles !

En 2e position, un job qui rime également avec évasion et découverte puisqu’il s’agit du poste de travailleur humanitaire. Celui-ci tend à moins de compétition (tant entre collègues que sur le marché lui-même) et plus « d’humanisme » dans son travail.
Le 3e est le métier d’écrivain qui garde toutes ses lettres de noblesse. L’écrivain est libre de travailler en fonction de son propre emploi du temps. Il partage ses idées, on le respecte et il ne travaille (techniquement) pour personne. Et lorsque l’on voit le patrimoine des plus grands écrivains de ce siècle, force est de constater qu’ils savent cumuler talent artistique et business.
Enfin, photographe, musicien, chanteur, pilote de course, acteur… La liste s’allonge avec des métiers qui ont un quotidien très éloigné du taylorisme, du contrat de travail classique et de l’image du mouton de Panurge.

La carte des métiers qui font rêver à travers le monde en 2023

Basée sur le volume de recherches mondial sur Google pour la requête « Comment devenir … »., une carte du monde des jobs rêvés a été éditée fin 2022 par la société de services financiers Remitly.

Le numéro 1 est toujours le métier de pilote, avec près d’un million de recherches annuelles. Il arrive en tête dans 25 pays dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada ou encore l’Australie. En vert sur la carte.

La suite au niveau monde selon le classement suivant :
1. Pilote
2. Ecrivain.e
3. Danseur.se
4. Youtubeur.se
5. Entrepreneur.se
6. Acteur.trice
7. Influenceur.se
8. Programmeur.se
9. Chanteur.se
10. Enseignant.e

Quelques remarques : à distinguer sur la carte, le métier d’écrivain concerne surtout les pays d’Europe du Nord et de l’Est, d’Afrique Australe, l’Inde ou les Caraïbes. Dans la péninsule arabique, le mot recherché est celui de poète plutôt que d’écrivain.
Vous avez certainement noté que la plupart des métiers évoqués dans cette liste font la part belle au divertissement (la 11e place est tenue par le métier de DJ)…

Les métiers qui font le plus rêver en Europe

L’étude fournie montre des disparités par pays. En Europe, chaque pays a choisi un ordre différent dans le classement ci-dessus.
Par exemple, les Italiens rêvent d’abord d’être entrepreneurs, les Espagnols influenceurs, les Belges écrivains, les Allemands professeurs… Seuls les Portugais ont choisi le métier de pompier, et les Suisses celui d’avocat.

Et la France ? La 1re position est trustée, comme en Suisse et plusieurs pays d’Afrique, par le job d’avocat. Faut-il y voir un lien vers la forme d’humanisme dont nous parlions pour le 2e job en 2015 ? La volonté de rester le pays des droits de l’Homme et de la révolution ?

Ce qu’il faut déduire de l’attractivité de ces jobs

Face à ces données, en plus de s’interroger sur la distanciation entre le fantasme et la réalité, on est en droit de se poser la question : « assiste-t-on à une transformation de la société ? »
Alors que les métiers de rêve correspondaient majoritairement à des postes de prestige relatifs au secteur de la finance et des banques il y a 50 ans, aujourd’hui les jeunes semblent se tourner vers des métiers moins compétitifs, moins concurrentiels et qui laissent plus de liberté. Voire plus de plaisir.
Serait-ce un signe de l’essoufflement du système capitaliste occidental ? Est-il possible que le travail devienne ce à quoi il était destiné : à savoir une activité non obligatoire que l’on choisit d’exercer par passion ou conviction ?

Aujourd’hui, après Covid et à l’heure de la réforme des retraites, où l’on réfléchit à d’autres modes de vie, la quête de sens dans le travail devient primordiale et, surtout (cela semble se transformer en un vœu prioritaire) on n’a plus envie de souffrir au travail. D’où le poids conséquent de tous ces jobs qui sont autant de divertissements. Et puis le / la citoyen.ne du monde a changé : plus informé.e, plus éclairé.e, moins naïf.ve, moins corvéable… Un exemple ? De plus en plus de personnes connaissent maintenant le digital labor.
Kesako ? Le digital labor est l’exacte exploitation de notre statut de prospect / client / fan qui produit sans même s’en rendre compte du contenu pour la marque / le produit / le service.

Les discussions sont lancées, notamment entre intellectuels et gouvernements pour envisager une autre forme de travail. Moins laborieuse, plus épanouissante et plus responsable.
Certes, cela ne peut que nous faire rêver.
Mais sommes-nous vraiment prêts, nous Français, amis, candidats, voisins, d’initier le changement ? Prêts à prendre le risque de mettre à mal un confort salarial pour plus d’éthique ?

Source : Dreams jobs around the world.