Le Magazine
Le marketing vu par Emily in Paris
Une vision « cliché » de Paris
Emily in Paris ça vous parle ? Il s’agit d’une petite série Netflix créée par Darren Star (Sex in the city, Younger) qui a tellement bien marché que la saison 3 est sortie il y a quelques semaines. Le temps de faire le point.
Au début de la série, les Parisiens en prenaient pour leur grade, entre serveurs arrogants et concierges impolis. L’héroïne, présentée comme une experte des réseaux sociaux, en avait fait un hashtag #Mindthemerde dès qu’elle découvrait une crotte de chien. Mais là, dans la saison 3, Paris devient tellement idéal que c’en est drôle.
Un rêve fait d’hôtels de luxe, de clubs privés et de rooftops qui fait fantasmer sans aucun doute tous ceux qui ne peuvent y accéder. Avec des décors splendides qui vont du restaurant de la Tour Eiffel au château dans le Luberon.
De belles cartes postales destinées à prouver que Paris reste la capitale du monde. OK.
Les personnages, quant à eux, profitent d’une garde-robe exceptionnelle* et sont tous très apprêtés. Maquillage, coiffures, accessoires… On pense aux films des années 50 où les stars virevoltaient de grâce et de magnificence. Mais pas de Rita Hayworth ou de Grace Kelly ici, Emily se voit attribuer un style très moderne, osé et coloré.
On aime chez Emily
Les couleurs pop et flashy
Le culot de son look
Une capitale embellie
La liste des lieux qu’on doit voir avant 50 ans si on ne veut pas rater sa vie
On n’aime pas chez Emily
Le scénario du soap opéra, avec des chassés croisés amoureux qui n’en finissent pas
Le fort accent américain de la fille à papa (Lily Collins est la fille du musicien… jalousie quand tu nous tiens)
Un appartement où il est invraisemblable de ranger toutes les tenues (2 par jour) des 2 coloc que sont Emily et Mindy
Et bien sûr le métier d’agence présenté comme une récréation
Et le marketing dans tout ça
Nunuche, kitsch, ridicule… Les mots ne manquent pas pour qualifier le métier de l’agence de marketing de luxe « Savoir » (un nom déjà à lui seul très pompeux) tel qu’il est représenté dans la série, avec une équipe française axée sur la tradition, bouleversée par l’arrivée de l’américaine millenial qui va leur apprendre le social media.
Les professionnels du secteur n’en finissent pas de s’agacer de cette vision simpliste et réductrice. Les collaborateurs de l’agence semblent passer leur temps à se promener un dossier sous le bras (ils sont nombreux à s’agiter derrière les acteurs principaux) et proposent des idées issues de brainstorming de 30 secondes… Et quelles idées ! Des stratégies d’influence ou des événements qui vont vous époustoufler ? Pas sûr. A l’image du voyage en ballon où des amoureux s’embrassent pour un claim « l’amour est dans l’air »… On en reste pantois.
Les pros n’ont pas manqué de remarquer que l’héroïne influenceuse ne poste que des photos au fil de ses rencontres, sans stratégie précise ni cible, et surtout sans filtre ni retouche. D’ailleurs, ses partages utilisent souvent des mots en hashtags qui n’ont rien à voir avec les photos.
Cerise sur le gâteau, les idées qu’Emily proposent sont toutes la résultante d’un hasard bienheureux. Genre le patron de Lamborghini lui parle de produit rare et cher (l’offre et la demande vous voyez ?) et Emily propose alors à son client qui a perdu une grande partie de sa production de parfum de faire de ce qui reste une ligne exclusive. Bingo.
Enfin et surtout le placement de produit
Alors là, on peut tirer notre chapeau car le placement de produit est rondement mené.
La saison précédente aurait rapporté 96 millions de dollars, seulement trois semaines après sa diffusion (chiffres Launchmetrics).
Pour le 3e opus, la série veut faire passer le Mc Do des Champs Elysées pour un lieu hype, désert et chic. En même temps que ce dernier lance le menu spécial « Emily in Paris ».
La réalisation ne recule devant rien. Vous avez peut-être fait partie de ceux qui ont cherché sur internet le beau train de nuit qui emmenait l’héroïne jusqu’à St Tropez dans la saison 2 ? Inutile, il n’a jamais existé.
La saison 3, à grand renfort de campagnes sur les réseaux sociaux, a raflé la mise question placement de produits. De luxe.
On attend les chiffres mais on sait déjà que ça a très bien fonctionné sur les réseaux sociaux. Exemple pour Vuitton : le nombre de pages vues est passé de 7 à 15 millions de pages après la sortie de la série
Alors, à voir, à revoir, ou pas ?
Une série d’épisodes courts qui se boivent comme un verre de Spritz, si vous avez envie de débrancher votre cerveau et de vous allonger sur votre canapé. Question mode, c’est aussi looké que Sex in the city. Question marketing, cela peut être amusant de voir les clichés, les bourdes et les n’importe quoi.
Alors, si vous appréciez la fraîcheur, les péripéties d’Emily, la nouvelle Audrey Hepburn, vous avouerez qu’elle impressionne par la passion qu’elle porte à son job.
Dites-nous si vous aimez.
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