C’est l’été… pour le recrutement aussi ?

Vécu de l’intérieur, le planning de charge d’un cabinet de recrutement n’est pas aussi calme que la mer horizontale (qui n’a jamais fait un bon marin, comme dit le proverbe) ou comme dans la chanson de Ben Mazué « la mer est calme, je la regarde… ». Loin de là.

Le tout, tout de suite

Dès juillet, le niveau de stress monte car bon nombre d’entreprises entendent avoir dans leurs murs (leurs bureaux en l’occurrence oui bon OK) la nouvelle recrue qui, comme chacun sait, va leur permettre de réaliser tout le travail prévu jusque fin 2021 et qui va par là même sauver leur année.
Beaucoup d’employeurs ou de services RH, souvent après avoir pris plusieurs mois à chercher par eux-mêmes, se réveillent affolés à la veille des départs en vacances en appelant un cabinet de recrutement comme le nôtre pour dire « vite, vite, on a besoin de recruter pour une arrivée en septembre chez nous ».

Là, on prend notre petit bâton de pèlerin,  non pas pour les battre mais pour leur expliquer qu’il est très rare qu’on puisse pourvoir un poste en quelques jours, même si on un vivier de CV très qualifié. Ah bon mais pourquoi ça ?
Déjà il s’écoule du temps entre le descriptif de poste (notre métier de conseil en recrutement consiste aussi à définir au mieux les priorités de la fonction), la rédaction d’un contrat, la négociation sur les honoraires (au sein de certaines entreprises, cela concerne plusieurs services et le cycle de décision s’allonge, s’allonge…), la signature (c’est ici qu’on parle du règlement de l’acompte ?)… Et enfin on peut lancer les recherches.
A partir de là, s’enchaînent le sourcing, la sélection de CV, les entretiens de qualification, la présentation du poste et de l’entreprise, la validation de l’adéquation avec le projet professionnel du candidat, des compétences techniques, des soft skills… toutes étapes nécessaires à la constitution d’un dossier de candidature en bonne et due forme.

Bref, tout cela prend un minimum de temps et il est compliqué de faire moins que 2 à 3 semaines… Parfois, on a déjà en tête le candidat qui pourra convenir, c’est vrai (c’est tout l’intérêt d’être spécialisé sur certains métiers et de suivre des candidats depuis plusieurs années) mais même dans ce cas, notre job consiste à offrir au futur employeur un choix parmi plusieurs candidats. Il nous faut donc en trouver d’autres. De temps on a besoin.

Mais où sont donc les candidats ?

A cette question du timing s’en ajoute une autre, de plus en plus cruciale : pourquoi a-t’on moins de candidats maintenant ?
Il est fini le temps où il suffisait de poster une offre pour avoir des centaines de réponses dans lesquelles on n’avait qu’à piocher. Même pour des postes très attractifs ou avec un niveau moindre de qualification, on n’a plus du tout les mêmes statistiques.
De fait, nos recherches de candidats pâtissent de 3 effets bien distincts.

Le premier c’est l’été. L’effet « vacances » fait qu’on n’a plus la tête au boulot mais déjà dans le sable.
Avec 20 ans d’expérience dans ce métier, on peut témoigner du fait que chaque année c’est plus compliqué pour échanger avec des futures recrues en juillet et août. Vous ne nous croyez pas ? Vous pouvez. Nous faisons des statistiques par rapport à des CV issus de viviers (donc des candidats en recherche active) et sur 10 messages laissés, savez-vous combien nous répondent ? Deux… Avouez que ça fait peu pour faire avancer une mission de recrutement. Ça c’est un vrai sujet pour nous et nos confrères. Si vous avez des réponses nous sommes preneurs…

Un 2e effet, c’est la crise sanitaire. Clairement, elle a pour conséquence une réflexion plus importante sur sa vie professionnelle, son objectif, sa qualité de vie au travail. C’est une très bonne chose. Pour le candidat comme pour les recruteurs que nous sommes, c’est important de savoir définir le poste sur lequel on se projette. Mais cela occasionne aussi des effets collatéraux, c’est le niveau d’exigence des candidats (sur le télétravail par exemple) ou leur frilosité à bouger (« je ne prends pas le risque d’une période d’essai tant que la situation n’est pas plus stable »)…

Enfin, la 3e raison qui explique qu’il est difficile d’échanger avec les candidats en cette période, c’est tout simplement le marché de l’emploi des cadres qui se porte bien. Juillet 2021 : une étude de l’Apec montre qu’on a bientôt retrouvé le beau (exceptionnel même) niveau de 2019. Nous voilà donc en pleine « pénurie de talents »…

Une relation recruteur / candidat obligatoirement plus respectueuse

Comme vous l’avez compris, le recruteur n’est plus le roi en son royaume, distribuant des jobs selon son bon vouloir.
Ça va faire mal à certains mais il est vital dorénavant que l’échange soit d’égal à égal et non plus d’employeur à subordonné. Chez Elaee, depuis le début, nous faisons très attention à ne pas nous placer en situation de pouvoir (parce que le pouvoir, nous ne l’avons pas). Pour preuve, nous répondons à chaque candidature reçue et ce de façon personnalisée. Nous tenons informés tous nos candidats des différentes étapes du process. Et pratiquons les règles de transparence et de politesse qui sont dans notre ADN. On ne fait pas aux autres ce qu’on ne veut pas qu’on nous fasse. Et on n’oublie jamais que nous aussi on a été candidat à un moment ou à un autre.
Et on est récompensés ! Parce que tous les jours on a des petits mots de remerciement en ce sens.

Une bonne chose donc que cette prise de pouvoir du candidat, qui va rééquilibrer sainement les choses

Cela étant, ça n’arrange pas nos affaires parce que les missions de recrutement, il faut les terminer (oui je sais il y a beaucoup d’inversions de phrases type Maître Yoda dans cet article mais bon ça m’amuse…).
Ah oui, j’oubliais, il faut aussi qu’on jongle pour les RV candidats avec les périodes de congés de nos clients (qui pensent souvent que nous, on ne prend pas de vacances, comme si on était une multinationale… euh… non en fait).
Nous voilà donc en été avec un beau soleil, et on va être obligés de faire preuve de patience… en attendant notre propre départ en congés début août. Ce qui nous fera du bien pour recharger les batteries comme on dit.
Alors pardon d’avance si on manque un peu de réactivité pour répondre à vos mails. Cela étant, on restera quand même un peu connectés. parce que oui, on a fait le test et c’est pas gagné… Mais ça, c’est une autre histoire…