Un bonjour en dit beaucoup de vous

C’est en entendant une journaliste, à l’occasion des 100 ans de la radio, expliquer que la tessiture grave des femmes était volontaire, pour donner plus de sérieux, plus de poids, plus de détermination que je me suis souvenue de ces études scientifiques sur la façon de dire bonjour. Qui m’avaient marquée.

Dites-moi bonjour

Indépendamment du mot prononcé, la façon de percevoir l’intonation va influer sur votre ressenti et votre jugement.
Des chercheurs de l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM) du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de Paris et de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Paris se sont intéressés à la question de la représentation mentale d’une salutation.

Ils ont mené une étude à partir d’enregistrements d’un « bonjour », l’un fait par un homme et l’autre par une femme. Un logiciel informatique de manipulation des sons a généré à cette issue des milliers de prononciations qui ont été soumis à un panel de 44 auditeurs.
A chaque paire de sons soumise l’auditeur a dû indiquer lequel semblait « déterminé » et lequel semblait « digne de confiance ».

Les conclusions sont claires : les mots prononcés avec une hauteur descendante (un son évoluant de l’aigu vers le grave) plus marquée sur la deuxième syllabe sont ressentis comme déterminés. À l’inverse, les mots dont la hauteur monte rapidement à la fin du mot sont perçus comme dignes de confiance.

Juger l’intonation et le rythme de la voix

Une autre étude, cette fois des universités de Glasgow et de Princeton ont montré que l’on juge la personnalité d’une personne en une demi-seconde grâce à l’intonation et au rythme de sa voix. Nul besoin d’un texte long, un simple « bonjour » suffit pour savoir qui vous avez en face de vous.

l’étude a porté sur 64 enregistrements différents de personnes disant le mot « bonjour » (hello, en anglais, terme choisi pour sa familiarité) à un panel de 320 participants. En une demi-seconde, chacun a dû noter son ressenti sur une grille de 10 traits de personnalités prédéfinis, de la sympathie à l’agressivité en passant par l’attractivité et la féminité.

Les mêmes caractéristiques ont été mises en évidence. La domination et la fiabilité sont les mieux perçus.
La domination se manifeste par un ton aigu chez les femmes, tandis que chez les hommes, elle est liée à un ton grave.
Chez les femmes comme chez les hommes, la fiabilité est corrélée à un changement de l’intonation (qui dépend de la hauteur, de l’intensité et de la durée du son).
L’intonation est plus marquée chez les voix jugées fiables : la mélodie est caractérisée par une montée entre les deux voyelles de « hel-lo ».
L’intonation est également associée à la valence, une composante qui détermine le caractère plaisant ou non d’une voix. La valence peut être positive (joie, convivialité), ou négative (agressivité).
Plus le ton est aigu chez les femmes ou grave chez les hommes, plus la valence est positive et la voix agréable.

Un logiciel pour des milliers de bonjour différents

Des chercheurs français ont mis au point CLEESE, un logiciel novateur capable de générer des milliers de « bonjours » prononcés sous des intonations différentes.

C’est une équipe de chercheurs du CNRS, de l’ENS et de l’Université d’Aix-Marseille qui a développé ce logiciel baptisé CLEESE pour Combinatorial Expressive Speech Engine, pour comprendre comment notre cerveau interprète les différentes intonations de la formule de politesse.
A télécharger, pour ceux que ça intéresse, sur le site de l’Ircam.

Dites-vous bonjour

Evidemment, on ne saurait trop vous recommander de vous écouter d’abord, et de vous exercer ensuite. Associée à un sourire et une poignée de mains, l’intonation va déjà jouer une grande part de votre début d’entretien d’embauche.

Alors comment dites-vous bonjour maintenant ?

Sources : Pourlascience, Sciences&Vie, PNAS