Le Magazine
Non, recruter n’est pas vendre un poste, une entreprise et encore moins un candidat
De plus en plus de candidats se plaignent des recruteurs. Surtout ceux qui travaillent en cabinet de recrutement.
Manque de correction parce qu’ils parlent aux candidats comme s’ils avaient le pouvoir suprême. Absence d’écoute car ils pensent plus à vendre leur poste à pourvoir qu’à connaître le candidat (ce sont ceux qui vous disent : « venez me voir, j’ai le job en or pour vous ! »). Manque de respect, tout simplement les règles de politesse comme dire bonjour et tenir ses engagements : « je vous tiens au courant » et puis plus de nouvelles. Manque de transparence enfin quand les recruteurs font miroiter monts et merveilles, ce qui se révèle être à l’étape de la rencontre avec le futur employeur, complètement à côté de la plaque, aussi faux que déceptif… Beaucoup ont déjà vécu cela.
Surtout, on voit de plus en plus de consultants en recrutement qui sont avant tout des commerciaux. Il suffit de regarder les offres d’emploi diffusés par les cabinets de recrutement pour s’en rendre compte. Plus qu’une capacité à chercher, sélectionner, qualifier et rencontrer, ce que les cabinets prônent c’est le sens commercial, pour mieux attirer les candidats.
Non, mais n’importe quoi !
De qui se moque-t’on ? On veut nous faire croire que les candidats sont des pigeons à qui on peut « vendre » un projet, un poste ou une entreprise. Les candidats seraient donc naïfs et désinformés, ne connaissant ni leur marché, ni leur métier, ni leur valeur.
Les consultants en cabinet de recrutement qui orientent, décident, arrangent la vérité… sont ceux qui sont poussés par le besoin de rentrer le plus possible de missions dans leur portefeuille. ils ont peu de temps devant eux et leur choix est de privilégier l’apport d’affaires, ce qui ne leur permet pas d’accorder beaucoup de temps à la production de leurs missions. C’est ainsi que le métier de recruteur devient plus commercial que RH.
Mais quel intérêt de fonctionner ainsi ? N’est-ce pas une perte de temps ? Une énorme erreur professionnelle ? Une vision à très court terme avec le risque de perdre le candidat ET le client ?
D’ailleurs le client final sera-t’il satisfait de cette démarche, de l’image que le cabinet donne de son entreprise ?
Il y a d’autres façons de travailler et la seule correcte est de bien comprendre le projet professionnel de chacun et le mettre en regard du poste à offrir. Il ne s’agit ni de convaincre le candidat, ni le client, qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Le job du recruteur doit être de réaliser une adéquation, un « matching », c’est à dire mettre en relation une personne qui correspond au job et à qui le poste convient. Tant pis si, au cours de la qualification, le poste ne colle pas à ce que cherche le candidat, le recruteur prendra son mal en patience et le rappellera sur un autre projet. Ultérieurement.
En privilégiant le contact avec le candidat, en faisant attention à répondre à chacun, et en privilégiant la marque employeur du cabinet, on s’inscrit dans une démarche (logique) vertueuse, qui coûte du temps (et de l’argent bien sûr) mais qui porte ses fruits. Elaee en est un bon exemple : nos consultants sont des communicants, pas des commerciaux.
Notre métier de recruteur est difficile (de plus en plus c’est vrai) : il nécessite de la technique certes, mais aussi de l’écoute, de l’empathie et du temps. Alors arrêtez, messieurs les recruteurs qui privilégient le commercial aux ressources humaines, de tourner en rond, et de prendre les gens pour des marchandises, c’est décrédibiliser la profession.
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6 commentaires sur “Non, recruter n’est pas vendre un poste, une entreprise et encore moins un candidat”
Elaee c’est bien de pousser un coup de gueule contre les mauvaises pratiques, on est tout à fait d’accord avec vous. Il faut dire que vous êtes tel un OVNI dans la profession, ne serait-ce que parce que vous m’avez répondu, de façon personnalisée. J’avoue ne jamais avoir vu ça avant alors je vous remercie.
Je suis d’accord avec Raphaëlle, on sent bien que vous êtes différents!
Je suis bien d’accord avec vous! Mais malheureusement, ce phénomène se retrouve dans tous les domaines, on fait la course au chiffre au détriment de la qualité du travail fourni. Il faut vendre toujours plus et les répercussions n’ont aucune importance. Je retrouve dans votre coup de gueule ce que nous constatons chaque jour dans ma société où l’on embauche des commerciaux à foison pour rentrer des affaires, mais derrière, il n’y a personne pour assurer la charge de travail et ce sont les quelques employés qui n’ont pas encore mis les voiles qui se retrouvent avec une montagne de dossiers à traiter qui ne fait que grossir et à qui l’on viendra reprocher de passer trop de temps à chaque fois plutôt que d’accepter qu’une embauche est nécessaire
J’approuve. J’ai encore eu récemment l’exemple d’un cabinet (concurrent) qui m’a chassée fait passer un entretien sans vouloir me dire qui était son client (mais y avait il un client ?) et qui était censé me rappeler. Apres 3 coups de fil et 3 mails aucune nouvelle. La classe !
[…] Non, recruter n’est pas vendre un poste, une entreprise et encore moins un candidat […]
Et bien voilà un coup de gueule qui va en faire siffler des oreilles !
Comme je partage cette analyse. Encore un métier de vocation et de relations humaines, qui dévient inexorablement vers l’abime des intérêts business. Je trouve d’ailleurs une certaine similitude entre le marché de l’immobilier et ce coup de gueule. Famille qui cherche à s’agrandir, se rapprocher du bureau ou de l’école, et écoute les arguments percutants de cet agent immobilier qui veut lui vendre son 2 pièces de 36 m² qu’il a en mandat, à 1h10 de l’école de vos filles, 30% au-dessus des prix du marché. Peut-on l’en blâmer ? Ne fait-il pas ce que son patron et son mandant attendent de lui ?
J’enfonce des portes ouvertes, j’en ai conscience, et c’est l’effet recherché. Derrière un cabinet, il y a toujours un client. Si le client veut du « bilingue », du « Grandes Écoles », du « 10 ans d’expérience », et tout ça pour 20K€/an pour son poste d’assistant commercial pour son agence de Gueret, que va lui servir le cabinet ? The customer is always right…
Je désapprouve évidement ce glissement du conseil vers le commercial que j’ai pu constater à mes dépends. Mais pourquoi ne pas aller au-delà en dénonçant un modèle sans doute désuet qui privilégie encore la culture du diplôme et l’établissement de délivrance au dépend de l’expérience ? Je ne vais pas faire de laïus sur ces autodidactes qui ont réussis, mais dans l’entreprenariat ! Très rares sont ces profils qui réussissent d’ailleurs au sein de grandes marques ou de grands Groupes. Pourquoi ce désamour ? Des actionnaires qui se rassurent de disposer d’un COMEX issu des plus grandes écoles ? Une discrimination qui rappelle celle du « genre », encore plus honteuse. Je n’ose imaginer la difficulté de carrière d’une femme autodidacte…Il est vrai qu’identifier des THP à partir d’un annuaire d’anciens élèves est moins chronophage que d’écumer les réseaux sociaux et prendre l’information directement sur le terrain.
Ce coup de gueule met clairement en exergue une dérive déontologique de la profession pour répondre aux impératifs business ? Des opportunistes, qui ont clairement fait le choix du court terme, et prendre ce qu’il y a à prendre ! Mais comment sortir de cet étau ? Les solutions viennent souvent outre-Atlantique : révolutionner les outils d’identification et de sélection. Proposer une approche méthodologique innovante et suivre de près le parcours des candidats placés sur toute leur carrière à l’aide d’un CRM puissant. Garder en tête, que les placés d’aujourd’hui sont sans doute les clients de demain. Anticiper les besoins de ses futurs clients/candidats, c’est prendre une longueur d’avance sur ses concurrents.