Tous remplacés par des robots, même les créas !

Il y a quelques jours, on s’insurgeait qu’une référence comme Le Monde utilise de la génération automatique de contenus pour les résultats des départementales. Un robot aurait en effet assuré à lui seul la majorité de la rédaction relative aux articles produits sur les 30 000 communes de France. Haro sur les nouvelles technologies capables (ou non) de remplacer l’humain.

Voilà maintenant qu’on découvre que le crowdsourcing met à mal le beau métier de créatif / designer / graphiste / directeur artistique. Comment ça ?

Via des plateformes en ligne, on a dorénavant la possibilité de soumettre des projets créatifs aux votes des internautes, la solution retenue étant la plupart du temps la seule rémunérée. 99designs, Logofacile, Creads et surtout Tailor Brands proposent déjà ce genre de services.
La dernière, en l’occurrence, est particulière pour 2 raisons. D’abord, elle fonctionne avec un résultat aléatoire généré par un programme informatique (basé sur une technologie de machine learning) à partir des données échangées entre un prestataire et un client. Ensuite, elle vient de lever 1,1 million de dollars pour se développer. Il faut dire que le prix on ne peut plus attractif a de quoi attirer les investisseurs comme les acheteurs potentiels : vous pouvez obtenir un logo pour un montant de… 24 dollars.

Mais où est la réflexion créative dans cette proposition ? La valeur ajoutée du talent créatif ou de la sensibilité d’un « coup de patte » ? La proximité avec le client nécessaire au sur-mesure ?
Y-a-t’il vraiment un marché (la plateforme vise les PME) pour des identités visuelles qui ne peuvent être, au vu du process, que bas de gamme ?

Dans tous les cas, même si ces plateformes déclarent pouvoir permettre à une clientèle qui n’achète pas de graphisme d’accéder à ce nouveau service, cela interroge. Et ne favorise pas le business des graphistes qui souffrent déjà de mises en compétitions agressives aussi bien pour le nombre de prestataires sélectionnés pour plancher sur un même projet, que les montants des budgets qui ne cessent de baisser. Quand ils ont la chance d’être rémunérés, s’ils n’ont pas entretemps signé, étranglés, un système d’accepté-refusé.

Quand on sait que 47% des jobs aux USA sont potentiellement automatisables d’ici 10 à 20 ans, peut-on croire qu’il ne s’agit là que d’un effet de mode ?

Sources : Atelier.net, Techcrunch, Graphiline
Copyright : Tailorbrands, Shutterstock « ‘digital cyber pattern »