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Les objets connectés : effet de mode ou révolution ?
Vous attendez du scoop sur la smartwatch d’Apple ? Passez votre chemin…
Les objets connectés, c’est soooo tendance !
Aujourd’hui on ne compte plus le nombre de blogs spécialisés qui ont ouvert en quelques mois, ni de conférences sur le sujet… Et je ne vous parle pas de la multitude de start-ups qui se créent.
Même Télématin sur France 2 en parle, c’est dire !
La ménagère de moins de 50 ans a déjà offert un FuelBand à son cadre de mari, après s’être payé une balance Withings.
Croyez-vous que nous sommes en pleine révolution technologique ? Non !
Pensez-vous qu’il s’agisse d’une mode ? Peut-être… Mais sincèrement je ne l’espère pas.
“Ceci n’est pas une révolution !”
Pourtant, rien de nouveau et encore moins de révolutionnaire !
La domotique ? Elle existe depuis 30 ans.
L’utilisation des données publiques (Big Data) ? Depuis que le numérique gère les infrastructure publiques et privées.
Les objets connectés ? Les fabricants travaillent sur les smartphones, les TV, les consoles connectées depuis plus de 10 ans.
Le Quantified Self ? Depuis que j’utilise un smartphone j’enregistre mes activités sportives, soit 7 années…
Alors pourquoi un tel réveil et un engouement soudain ?
Une technologie prend de l’ampleur suivant plusieurs phénomènes. Le principal est ce que j’appelle “le théorème d’Apple” : si une marque leader relance une technologie, les moutons… Heu pardon ! Les “passionnés” suivront. Si l’engouement est assez fort, alors ça sera le tour des médias de masse et enfin celui du grand public. La boucle est bouclée. Nous avons lancé la mode, la tendance.
La nouvelle ère digitale ?
Et si au final tout ceci était véritablement une révolution ?
J’avoue que derrière mon sarcasme se cache un peu d’idéologie. Le digital ne se fonde pas sur des tendances ou sur des modes. Une entreprise, un concept, s’ils se veulent pérennes dans les NTIC, doivent voir plus loin et plus large. Les objets connectés et le Quantified Self sont au cœur de ces problématiques, tout comme l’a été le web social bien avant eux.
Pour notre meilleur retour sur investissement, nous ne pouvons nous permettre d’investir sur un phénomène “gadget”.
Le digital a aussi besoin d’évoluer, de connaître une nouvelle ère.
Une autre bulle prête à éclater ?
Comment éviter l’effet de bulle ? Comment nous, professionnels du digital, pouvons-nous travailler sur ces sujets, les emmener plus loin et plus près du grand public ?
La première problématique est la segmentation du concept : Quantified Self, Big Data, Internet des objets, domotique, smart cities, e-santé… De nombreux sujets segmentés mais pourtant tous liés.
Nous devons arrêter avec la multi-spécialisation. Aujourd’hui, l’entreprise qui se croit unique est celle qui travaille sur l’objet connecté auquel personne n’a pensé jusqu’à maintenant. Couches pour bébés connectées, stylo connecté, essuie-glaces connectés, WC connectés… L’objectif est d’être le premier pour devenir le leader : “je l’ai fait avant tout le monde !”.
Chacun travaille sur sa propre technologie communicante. Les objets ne peuvent se parler entre eux et les données ne peuvent être regroupées et qualifiées.
Bien sûr, nous avons besoin d’expertises spécifiques et de spécialisation. Ce type d’entreprises permet justement de concevoir des produits aboutis.
Mais il faut une vision globale pour faire le lien et créer la vraie valeur ajoutée. Sans ça l’utilisateur ne comprendra pas l’intérêt dans sa vie quotidienne. Trop spécialisés, trop incohérents et trop chaotiques, il ne prendra pas les objets connectés au sérieux.
Pourtant l’histoire nous montre que ce n’est pas le premier arrivé qui réussit forcément mais celui qui a apporté le travail le plus abouti et la meilleure compréhension du marché au moment favorable. Une compréhension basée sur une stratégie globale et mutualisée.
Quand nous travaillons sur l’objet connecté, il ne faut pas que penser à l’objet lui-même mais aussi à son interface, les données qu’il enregistre, l’interaction avec d’autres objets. L’objet dans son écosystème.
In Users we trust
La première demande du “consommateur” n’est pas l’innovation technique. Nous ferons la différence en créant l’innovation, il est vrai, mais surtout en répondant précisément aux besoins utilisateurs.
Avant de créer de nouveaux besoins nous devons travailler sur leurs problématiques actuelles (Comment mesurer mon poids ? Comment automatiser ma chaudière ?). Proposez des fonctionnalités “gadgets” ne feront que créer le trouble.
Il faut du ludisme et de la transparence dans les objets connectés. La Smartwatch ne doit pas être un énième ordinateur qui se porte au poignet et nécessite un apprentissage de plusieurs heures. L’objet connecté doit se fondre dans notre quotidien puisqu’il répond à des besoins déjà présents et supporte des habitudes déjà prises.
Cela concerne les fonctionnalités mais aussi le design qui doit intégrer une approche ludique et décomplexée.
Les profils sont aussi à prendre en compte. Les geeks et “early adopters” ne sont qu’un infime pourcentage des consommateurs. Et ils ne sont pas synonymes de succès.
Une autre solution passe par le marketing, grâce au prix et à une stratégie commerciale adaptée. Les produits digitaux fleurissent et tout le monde n’a pas les moyens de s’acheter des objets connectés à 300 € tous les 6 mois.
Derrière l’objet, les data
Enfin, le produit seul n’est pas un objectif rentable en soi. À la fois pour le fabricant et pour l’utilisateur. Une offre pérenne se doit d’être accompagnée de services dématérialisés qualitatifs.
Nous ne pouvons parier uniquement sur le hardware. Apple aura beau sortir la plus belle iWatch possible, si elle n’est pas accompagnée d’une interface élaborée et d’une intelligence artificielle (IA) aboutie (quantification et qualification des données), son produit n’en sortira pas vainqueur.
Car derrière l’objet connecté, derrière le visage de la technologie, se cache l’IA, le cerveau.
Les data et leur qualification sont la véritable innovation de ces concepts.
Nous l’avons vu, il n’y a pas de réelle innovation technique. Nous pouvons bien sur travailler sur la miniaturisation, l’autonomie… Mais il ne s’agit que d’évolution, pas de révolution.
L’objet connecté “tracke” — capte enregistre — les informations réelles afin de les numériser. Ces informations doivent être ensuite quantifiées (triées, mises en forme pour être visualisées), qualifiées (ordonnées de manière intelligente et intelligible) puis ré-attribuées.
En quoi les objets connectés peuvent être une révolution s’ils ne sont que de beaux supports inanimés ? Des automates qui ne font que répéter des informations que nous connaissons déjà ? Ils doivent nous répondre, nous apporter une information que nous ne pouvons pas encore connaître naturellement. L’objet connecté doit être un support qui “écoute” mais qui doit aussi “parler”.
Au final, le vrai challenge ne réside pas dans la numérisation, mais dans l’utilisation des données numérisées.
Google et l’amélioration de soi
Google a racheté Nest Labs, spécialiste du thermostat connecté et de la domotique…
Ils viennent de sortir “Android Wear”, version de leur OS mobile pour les objets connectés… Ils travaillent sur des Smartwatches, des Smartglasses, des solutions domotiques…
Devons-nous croire qu’une entreprise comme Google intègre TOUS ces marchés uniquement pour des raisons marketing ? Pour être présent sur tous les fronts et avoir un monopole global sans stratégie commune ? Non, car encore une fois, tout est lié !
Depuis des années, nos déplacements et nos recherches web sont enregistrées. Nos fichiers (Google Drive), nos emails (Gmail) sont triés de manière intelligente.
Les services Google se “nourrissent” de toutes ces données personnelles comme publiques.
L’année dernière l’entreprise californienne engageait Ray Kurzweil, le pape de l’Intelligence Artificielle et du transhumanisme. Ces éléments ne sont que des signes de desseins plus grands : Google Now par exemple ! Une interface intelligente qui quantifie et qualifie toutes les données récoltées via ces objets. Notre double numérique qui apporte les connaissances et les “pouvoirs” associés. Ceux que nous n’avions pas avant : l’anticipation, la mesure de soi… Un centre de données qui nous donnera les meilleurs indications à suivre, dans deux objectifs aujourd’hui assez simple : l’amélioration de soi et le dépassement de notre condition naturelle.
Proposé par Julien Ducerf, nouveau contributeur Elaee, Consultant digital, spécialiste UX. Suivez-le sur Twitter.
Copyright : Postcapes, Connected Objects.
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Toute peine mérite salaire
Rémunération, salaire, paie… autant de gros mots qui sont tabous en France, même dans les métiers de la création, de la communication, du marketing et du digital.
3 commentaires sur “Les objets connectés : effet de mode ou révolution ?”
Toute la R&D du mastodonte Google est en effet un indicateur fiable sur ce qui va se passer demain. Nous n’en sommes qu’au début. Bravo pour cet article.
[…] Elaee […]
[…] Les objets connectés ne prennent pas seulement d’assaut des niches spécifiques. Ils influencent tous les secteurs d’activité, de l’éducation à la santé. La transformation digitale est à l’œuvre dans chaque domaine. En effet, ces technologies apportent des solutions qui évoluent rapidement. Les applications sont infinies, et l’intérêt croissant des consommateurs souligne cette dynamiquement. Cette tendance indique-t-elle que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère digitale ? Pour explorer cette question, vous pouvez lire cet autre article sur la révolution des objets connectés. […]