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La beauté comme facteur discriminant à l’embauche
Etre beau ou belle se transforme en impératif de notre société à tel point qu’aux Etats-Unis, on parle d’une nouvelle science nommée « Pulchronomics », du latin « pulchritudo » qui signifie beauté, ou économie de la beauté . Alors, bien sûr, l’apparence est devenue un critère de discrimination lors du recrutement.
Alors, comment se transforme-t-elle en atout ? Femme et homme sont-ils égaux face à ce critère ? Pourquoi dans certains métiers il vaut mieux être moche ? Mais aussi comment une belle apparence peut rassurer les employeurs.
Pour tenter d’apporter des réponses, la chercheuse Hélène Garnier Moyer, le psychanalyste Francis Alain Guitton, et les recruteurs Claire Romanet et Marie-Carmen Garcia ont accepté de répondre aux questions de Toutelaculture.com :
Comment définir ce qu’est une belle apparence ?
Hélène GARNER MOYER (HGM) : il est difficile de définir une belle apparence. Sur l’ensemble des caractéristiques physiques d’un individu, le visage est la partie de l’apparence la plus fréquemment analysée et celle sur laquelle se fonde majoritairement le jugement de beauté. Cependant des études psycho-sociobiologiques mettent ainsi en évidence des critères communs à tous pour déterminer ce qu’est un visage attirant. Elles concluent que la beauté d’un visage dépend de trois éléments : la taille et la forme de certains traits du visage, son caractère symétrique et son caractère moyen. Il a en effet été prouvé que le visage le plus composite, issu du mélange de nombreux visages, est considéré comme plus attirant que les visages qui l’ont composé du fait qu’il comporte moins de défauts. Ainsi, une femme dont la hauteur des yeux est plus élevée que la moyenne est considérée comme plus attirante alors que si une femme s’éloigne de la moyenne en ce qui concerne la largeur du nez ou des sourcils elle sera jugée moins séduisante.
Mais ce n’est pas la seule explication car les critères du beau changent au cours des siècles et ce qui est considéré aujourd’hui comme un attribut de beauté, la minceur par exemple, ne l’était pas forcément il y a deux siècles. En fait, trois types d’explications peuvent être données à ce qui détermine ce qu’est une belle apparence : des explications d’ordre socio-biologiques qui analysent la beauté sous un angle évolutionniste et donnent une mesure physiologique de la beauté, des explications historiques qui relient les standards de beauté à des époques et des contextes donnés et des explications sociologiques qui font de la beauté une construction sociale, résultant de la domination d’un groupe minoritaire et influençant l’ensemble de la sphère des relations sociales.
Francis Alain Guitton (FAG) : Pour rebondir sur le fait d’être mince, n’oublions pas qu’une femme projetée au contact d’éventuels acheteurs et consommateurs doit correspondre aux impératifs morphologiques acceptés par le plus grand nombre… et la minceur est requise puisqu’elle rentre dans les critères et les normes de beauté de l’époque. Sois mince et belle…pourrait-on écrire…Soulignons aussi que l’incitation à la minceur excessive apparaît comme dévastatrice dans les entreprises ayant un rapport étroit avec la représentation publique, la relation humaine (mode, audio-visuel, publicité, internet).
Claire Romanet (CR) : En tant que recruteur, une belle apparence correspond à une tenue vestimentaire correcte et adaptée à l’entreprise dans laquelle vous êtes reçu. C’est aussi une présentation sobre et soignée, doublée d’une certaine attitude. Autant de choses qui vont donner LA première impression lors d’une rencontre.
Idéalement, la belle apparence est celle que l’on ne remarque pas et qui est agréable à regarder. »
Marie Carmen Garcia (MCG) : C’est une personne élégante autant dans la tenue vestimentaire, que dans sa façon de se tenir, comporter.
Alors, une belle apparence est-ce à priori un atout pour trouver du travail ? Pourquoi ?
HGM : Oui, et j’ai pu le mesurer dans un testing réalisé au cours de ma thèse. Des CV comparables sur le fond (en termes de diplôme, d’expérience professionnelle, de caractéristiques socio-démographiques) ont été envoyés pour pourvoir trois postes : commerciale, assistante de direction, comptable. Seule la photo changeait. Pour chaque poste, le taux de convocation était beaucoup plus élevé pour les personnes au physique agréable. Dans 70 % des cas, le traitement des deux candidates a été identique : dans 49 %, aucune n’a été convoquée, et dans 21% des cas elles l’ont été toutes les deux. Mais lorsqu’une seule a été convoquée, cela s’est fait davantage au profit de la candidate séduisante : 21,5 % contre 8,5 % pour la candidate moins séduisante. D’autres testings réalisés par l’Observatoire des discriminations (dirigé par JF Amadieu) aboutissent aux mêmes conclusions.La beauté semble agir comme un raccourci cognitif permettant de sélectionner les candidats sur la base des qualités subjectives associées à cette apparence. Et c’est en cela qu’elle est susceptible d’alimenter la mécanique de la discrimination.
FAG : Le physique d’une femme est un argument majeur de dissuasion ! La transposition sociale et professionnelle de cet atout est représentative dans tous les rouages de la société moderne. Nous constatons dans les milieux de la relation publique et du contact humain une utilisation manifeste de cette caractéristique élitiste alors que dans les milieux moins « nobles » (entretien, nettoyage) la représentation corporelle n’a pas d’importance.
CR : Oui. La tenue vestimentaire reste un critère primordial en entretien d’embauche, au même titre que la poignée de mains ou la ponctualité. Elle est souvent perçue comme une règle élémentaire de respect vis-à-vis de la personne avec qui vous avez rendez-vous.
MCG : Oui, car cela démontre un trait de caractère, de savoir vivre, de respect de soi et par conséquent de respect des autres.
Cependant, peut-on dire qu’il existe un genre dans l’apparence ? Existe-t-il une différence entre une belle apparence masculine et une belle apparence féminine ? Et si oui lesquelles ?
HGM : Dans le monde classique, la beauté est prioritairement féminine et les critères du beau masculins, dominés par ceux relatifs à la puissance et à la virilité, n’émergeront que dans le monde moderne.
Les recherches menées sur ce thème montrent que les mêmes paramètres influencent le jugement porté sur l’attirance d’un visage féminin ou masculin. Cependant certains paramètres ont des impacts différents sur la séduction d’un visage féminin ou masculin ; un accroissement de la largeur des joues ou de l’épaisseur des sourcils réduira d’autant le pouvoir d’attractivité d’un visage féminin mais pas celui des visages masculins tandis que l’augmentation de la hauteur des sourcils ou de la taille des narines jouera au contraire en faveur des femmes.
Et puis, notre société valorise toujours plus la beauté féminine que masculine et les femmes ont intériorisé cette valorisation et elles sont beaucoup plus strictes que les hommes lorsqu’il s’agit d’évaluer leur apparence physique ; tandis que les hommes ont tendance à s’estimer plus séduisants qu’ils ne sont réellement perçus, les femmes, elles, ont tendance à s’auto évaluer plus sévèrement ! A la pseudo-liberté acquise par les femmes dans les années 1970 concernant le contrôle de leur corps s’est substituée, dans les années 80-90, une normativité extrêmement forte en matière d’apparence physique (en termes de poids, de look, d’apparence) qu’il est quasiment socialement obligé de chercher à atteindre par la pratique du sport, par des régimes ou le recours à la chirurgie esthétique sous peine d’être « sanctionnées par la société ».
CR : Dans le cadre du recrutement, on évoque les codes. Ces derniers sont les mêmes : costume / cravate pour les hommes et veste de tailleur (sur jupe ou pantalon) pour les femmes, le tout idéalement de couleur sombre. L’objectif est d’éviter tout ce qui attire l’œil, en restant sobre et discret. C’est d’autant plus vrai quand on a un poste en relation avec des clients. Cela dit, dans les métiers de la communication ou du web, être original peut, à l’inverse, être un bon point.
MCG: Non.
L’apparence va-t-elle plus jouer dans le processus de recrutement pour une femme que pour un homme ? Et pour quelles raisons ?
HG : Les normes esthétiques ont toujours été plus strictes à l’égard des femmes. Néanmoins, elles ont tendance, dans le monde occidental, à se durcir et à s’appliquer de plus en plus aux hommes. On le constate par exemple avec le marché de l’esthétique pour hommes, en pleine croissance.
Pour les femmes, l’influence de la beauté semble positive pour des postes d’employés. Cette influence est plus complexe en ce qui concerne les postes de cadres
CR : C’est juste plus risqué pour une femme : il lui faut arborer une présentation soignée, sans trop d’artifices (on évite les bijoux clinquants), et surtout pas d’atouts séduction (jupe trop courte, décolleté plongeant, etc.). Les clichés sur les femmes étant plus nombreux, comme l’éventail des tenues possibles (à l’opposé du fameux costume / cravate), l’exercice est plus difficile pour elles.
MCG : Cela est très subjectif mais en principe : oui. Tout dépend qui recrute : homme ou femme.
Existe-t-il des métiers plus associés au sexe féminin que d’autres et dans ce cas, le critère de l’apparence y est-il encore plus pris en considération ?
HGM : On pense spontanément aux métiers qui sont en contact avec la clientèle ou les consommateurs pour lesquels l’apparence physique peut jouer dans la qualité de l’interaction. Or les femmes sont surreprésentées dans les métiers de services et dans ceux relatifs aux soins aux personnes. Néanmoins, dans le testing que j’ai réalisé dans le cadre de mon travail de thèse, c’est sur le poste de comptable que l’écart dans les taux de convocation était le plus important. Cela montre l’influence du critère esthétique, bien au-delà des seuls postes en relation avec la clientèle.
CR : Votre question évoque les fameux clichés sur les vêtements féminins : de la secrétaire à l’hôtesse de l’air, de la vendeuse en boutique de luxe à la manager d’équipes, l’apparence est évidemment cruciale. On doit se poser la question : coiffure, bijoux, maquillage, ongles (j’ai souvent vu des employeurs éliminer des candidates aux CV impressionnants mais aux ongles peu propres)…
A l’inverse, est-ce qu’il existe des secteurs où le critère de la belle apparence est moins important ? Et si oui, lesquels ?
HG : Dans le milieu professionnel, l’influence de l’apparence dépasse les seuls postes en contact avec le public car une apparence physique séduisante peut être interprétée comme le signal de qualités relationnelles qui sont extrêmement valorisées dans une économie qui se tertiarise et dans laquelle le poids du savoir être est croissant. Les stéréotypes positifs qui sont attribués aux individus séduisants sont des qualités requises pour un très grand nombre de postes….
A l’inverse, des stéréotypes fonctionnels peuvent être désavantageux pour des individus séduisants. Le même processus de stéréotypisation est alors à l’œuvre : des stéréotypes liés à certains métiers notamment considérés comme plus « intellectuels » ou scientifiques, font que la beauté peut être considérée pour ces derniers comme une marque de légèreté, de futilité ou de manque de profondeur et comme un élément pouvant décrédibiliser le candidat : c’est la « face noire» de la beauté.
Il faut également noter que pour les postes d’encadrement, le fait d’être une femme séduisante n’est pas forcément un avantage et peut même parfois se transformer en handicap. Les enjeux de stéréotypes associés à certains postes semblent cependant davantage jouer pour les femmes que pour les hommes mais il faut reconnaître que les recherches ont le plus souvent porté sur des femmes !
CR : Pour les métiers où les collaborateurs ne sont pas en contact avec des clients (du genre télémarketing, atelier de production ou autre) ou bien les métiers où il faut porter uniforme (SNCF, armée, etc.), cela a évidemment moins d’importance. Ceci dit, lors des entretiens d’embauche, la sélection se fera aussi sur l’aspect soigné ou non du candidat.
MCG Peut-être, pourrait-on dire que dans tous les métiers où l’on est moins exposé au public…
Le beau est bon : quelles sont les qualités que l’on attribue à une femme et à un homme dotés d’une belle apparence ? Pourquoi ?
HGM : La principale représentation évoquée par la psychologie sociale est le sentiment que l’apparence d’un individu est révélatrice de sa personnalité, de ses qualités intrinsèques, morales ; le stéréotype « ce qui est beau est bon » associe rapidement beauté extérieure et intérieure et rend de ce fait « attractifs » les individus beaux.
L’apparence physique peut être interprétée par l’employeur comme le reflet de la personnalité de l’individu. On le voit dans la littérature : le bien-être et la beauté sont souvent associés. Un corps beau est supposé être un corps « maîtrisé » et cela serait synonyme de force mentale, de volonté, autant de qualités valorisées sur le marché du travail. Le bien-être psychologique peut être associé à une apparence physique séduisante et réciproquement. Un physique agréable peut donc être interprété par un employeur comme le signal de ces qualités relationnelles comportementales. Prendre en compte ce critère va donc être un moyen pour lui de réduire l’incertitude qu’entoure l’évaluation de ces variables de personnalité et de comportement.
CR : Une personne se présentant en ayant fait attention à sa tenue est perçue comme ayant réfléchi pour donner une bonne impression, qui prend soin d’elle et qui est soucieuse de convaincre et de s’intégrer au groupe. Il est naturel d’imaginer qu’elle fera attention tout autant à ses clients qu’à son travail, ce qui est rassurant (alors que ce n’est en rien une preuve, nous sommes bien d’accord).
MCG : Pour une femme, les adjectifs et qualités vont varier en fonction de son âge. La femme est regardée consciemment ou inconsciemment avec un désir sexuel. Pour un homme, les adjectifs varient aussi en fonction de l’âge, mais seront plus modérés.
Les qualités attribuées sur le marché du travail à une « belle » femme ou à un « bel» homme ont-elles évoluées au fil du temps, et si oui, pourquoi, et comment ?
HGM : La beauté est une notion complexe à définir tant son sens a évolué au cours des siècles et tant sa signification dépasse le cadre de l’esthétique. Car si la beauté se définit par ce qui est esthétiquement remarquable, elle recouvre également le caractère de ce qui est estimable moralement. Si les canons de beauté ont évolué au cours des siècles, la valeur qui lui est accordée est toujours restée élevée dans les sociétés occidentales ; l’attention portée au visible et au « haut » du corps au XVIème siècle s’est peu à peu déportée vers la taille puis le bas du corps au XVIIIème. Au XXème siècle, c’est le corps dans son ensemble qui doit respecter les normes du beau caractérisées par la minceur mais aussi la tonicité ; beauté physique et bien-être, bonne santé sont associées via la pratique sportive.
FAG : Notons que le stéréotype en matière d’apparence du corps féminin s’est imposé dès le début de l’histoire et cette tendance s’est poursuivie jusqu’à nos jours, autoentretenue dans l’ordre par les catalyseurs politiques, religieux, médiatiques et maintenant par l’entreprise amorçant et amplifiant le processus. Ainsi la Vénus de Willendorf, l’Aphrodite, la Vénus romaine, la grande Odalisque de Jean Baptiste d’Ingres, Marilyn Monroe, Brigitte Bardot pour aboutir à Kate Moss ou à une autre star malingre médiatisée de même acabit de notre époque, sont toutes des images sacrées. Ces personnages adulés pour leur corps se sont successivement imposés comme icônes sacrées pour les générations d’hommes qui ont vécu sur la terre ces dix derniers millénaires.
CR : Malheureusement, je crains que les évolutions soient lentes. On sait que la notion du beau nous est imposée par nos sociétés, modes de vies et médias. Et si une femme est perçue comme trop belle, cela peut représenter un risque… Il y a des milliers d’anecdotes en ce sens.
A l’inverse, qu’associe-t-on comme défauts, ou comme aspects négatifs liés à une belle apparence ? De ce fait, quels postes ne seront pas forcément attribués à quelqu’un de « beau » ? (exemple : beauté associée à frivolité…)
HGM : La séduction physique peut être un avantage si elle sert la vision stéréotypée du poste : si cela n’est pas le cas, être séduisante est un handicap. Par exemple, pour une femme qui postule à un poste traditionnellement occupé par un homme, être séduisante va être un désavantage car il y a inadéquation entre ces deux évènements. Ce modèle prédit donc que, pour des postes traditionnellement masculins, la séduction physique peut être un avantage pour un homme candidat mais pas pour une femme et vice-versa pour des postes traditionnellement féminins.
FAG : Rappelons que si Daniel HAMERMESH, enseignant à l’université du Texas à Austin, souligne dans son ouvrage, Beauty Pays Why Attractive People Are More Successful, que les gens beaux ont des revenus plus élevés en moyenne que les autres. (Un bel employé recevra en moyenne 230 000 dollars de plus qu’un travailleur jugé laid), une belle apparence s’associe aussi souvent à quelqu’un qui n’est pas forcément intelligent. Ainsi, une attachée de presse déclarait même « mon physique m’aide indéniablement dans mes relations avec mes clients surtout masculins, mais lorsque je change de poste ou j’ai un nouveau chef, je dois toujours prouver que je peux être à la fois féminine apprêtée et pas totalement décérébrée ni superficielle »
CR : Il n’y a pas loin entre la personne qui prend soin d’elle et celle qu’on prendra pour une prétentieuse, ambitieuse, ou carriériste
Le contexte économique peu favorable accentue-t-il ce fameux poids des apparences ?
HGM : Je pense qu’un contexte de sous-emploi massif favorise la prise en compte de critères discriminatoires car les employeurs, confrontés à une sur offre de travail diplômée et expérimentée, ont tendance à diversifier leurs critères d’évaluation des candidats. Les critères purement « objectivables » (niveau de diplômes, expérience professionnelle) ne sont plus suffisants même s’ils sont primordiaux. Les employeurs vont s’appuyer sur d’autres caractéristiques pour assurer la sélection.
Les résultats d’une enquête de la Dares conduite en 2005 auprès d’employeurs ayant conduit des processus de recrutement confirment que la présentation, l’apparence des candidats est un critère central de sélection puisque 80 % d’entre eux en tiennent compte pour sélectionner les candidats, et ce quel que soit le secteur d’activité.
CR : Avec la loi de l’offre et de la demande liée au marché du travail, la première impression, essentiellement dictée par l’apparence, garde toute son importance.
MCG : Oui beaucoup. A compétence égale, une femme ou un homme séduisant aura plus de chance.
Que recommandez-vous aux femmes et aux hommes qui cherchent du travail ? Aux femmes et aux hommes qui recrutent (et qui seront aussi demain potentiellement recrutés) ?
HGM : Soigner son apparence est évidemment quelque chose d’important au moment d’un entretien de recrutement car au-delà de l’apparence physique, c’est une impression d’ensemble sur la personnalité du candidat qui va ressortir. Mais il s’agit de ne pas lui donner plus d’importance qu’elle n’en a c’est-à-dire de ne pas inférer de qualités professionnelles à partir de cette seule apparence. Prendre conscience de l’influence des stéréotypes rattachés à la beauté dans l’acte de recrutement et des discriminations qu’ils entraînent serait de ce point de vue une avancée. Cela permettrait aussi de se poser les bonnes questions sur les compétences nécessaires au poste et de faire évoluer les pratiques. Plus on est clair et précis en amont sur les compétences nécessaires pour occuper un poste, moins il y aura de place pour les stéréotypes. C’est d’ailleurs un conseil que l’on peut appliquer pour lutter contre toutes les formes de discrimination.
Si le critère de l’apparence physique est considérée comme un signal de compétences relationnelles, il faut réfléchir à outiller les recruteurs de méthodes leur permettant d’évaluer ces compétences de manière plus objective. Le CV anonyme ou le recrutement par simulation constituent deux méthodes qui permettent de limiter l’influence de l’apparence physique sur les décisions d’embauche. Plus simplement interdire les photos sur les CV, comme cela se fait à l’étranger (aux Etats Unis ou au Canada par exemple), serait déjà une avancée !
CR : En tant que recruteur, mon conseil est simple : soyez sobre et discret, utilisez les codes habituels en vous mettant à la place de l’interlocuteur qui vous reçoit. Réfléchissez à l’environnement de travail qui correspond à l’entreprise dans laquelle vous avez RV. Il est aisé aujourd’hui, soit en allant voir la sortie des bureaux, soit en cherchant des images de l’entreprise sur internet, d’appréhender ce qui fonctionne ou pas. Comme en PNL, savoir s’adapter aux autres et aux situations reste une clef de la réussite.
MCG : De soigner leur apparence et leur façon de se comporter. D’adapter leur tenue en fonction du poste et du recruteur.
Les canons de beauté ont évolué au cours des siècles, et les sciences humaines prennent plusieurs critères en considération pour définir une belle apparence. Quant aux recruteurs, une belle apparence est liée à la tenue vestimentaire, mais aussi au savoir-être. Notons aussi, que notre société a plus tendance à valoriser la beauté féminine.
Bien sûr, la beauté a sa face noire…et pour certains postes, mieux vaut jouir d’une apparence banale.
En même temps, soyons honnête, que ce soit dans notre vie professionnelle tout comme dans notre vie personnelle, nous ne pouvons nier que quelqu’un au physique agréable ou encore charismatique, attirera toujours plus notre attention qu’une personne au physique commun.
Et à priori, cette tendance n’est pas près de disparaître. En effet, internet et la mise en avant de soi encourage le culte de notre image. Alors, demain, la belle apparence : un label apparence ?
Présentation des « intervenants »
Les chercheurs
Hélène GARNER MOYER (HGM)
Normalienne et agrégée d’économie et de gestion, chercheuse associée au laboratoire CERGORS (Centre d’Etudes et de Recherches en gestion des organisations et des relations sociales) de l’Université Paris-1 Panthéon Sorbonne.
Elle a soutenu sa thèse, en 2007 sur « L’apparence physique en GRH – l’impact de la beauté sur les itinéraires professionnels », sous la direction de J-F Amadieu.
Francis Alain GUITTON (FAG)
Francis Alain Guitton est psychanalyste, psychologue, docteur en sciences de la communication et chercheur associé au laboratoire I3M Nice Sophia Antipolis et auteur de « La responsabilité de l’entreprise privée dans le culte de la minceur et dans la dérive pré-anoxerique de la femme active », Communication et organisation [En ligne], 42 | 2012, mis en ligne le 01 décembre 2013 consulté le 09 avril 2014.
Les recruteurs
Claire ROMANET (CR)
Fondatrice du cabinet chasseurs de tête Elaee
Mary-Carmen GARCIA (MCG)
Gérante d’une société spécialisée en gaz industriels/glace carbonique
* Baromètre IFOP.
Copyright : Boticelli / La naissance de Vénus / Toutelaculture.com
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Les fiches métiers
Je dépose mon CV
Toute peine mérite salaire
Rémunération, salaire, paie… autant de gros mots qui sont tabous en France, même dans les métiers de la création, de la communication, du marketing et du digital.
Un commentaire sur “La beauté comme facteur discriminant à l’embauche”
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